Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/100

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loisir, repose-toi sous cet ombrage. D’eux-mêmes tes jeunes bœufs viendront, à travers les prés, se désaltérer près de nous ; ici le Mincio borde ses rives verdoyantes de tendres roseaux, et, dans le creux du chêne sacré, on entend bourdonner des essaims d’abeilles. »

Que faire ? je n’avais ni Alcippe, ni Phyllis pour renfermer dans la bergerie mes agneaux nouvellement sevrés ; d’un autre côté, entre Corydon et Thyrsis, c’était un grand défi. Enfin, à mes occupations je préférai leurs jeux. Ils commencèrent donc la lutte en chantant tour à tour : les muses leur ordonnaient ces chants alternatifs. Ainsi chantait d’abord Corydon, ainsi lui répondait Thyrsis.

CORYDON.

Nymphes de Libéthra, nymphes, mes amours, inspirez-moi des vers pareils à ceux que vous dictez à mon cher Codrus (ses vers approchent des chants d’Apollon) ; ou, si cette faveur n’est accordée à tous, je veux suspendre à ce pin sacré ma flûte mélodieuse.

THYRSIS.

Bergers de l’Arcadie, couronnez de lierre un poëte naissant, pour que Codrus en crève de dépit ; ou, s’il me loue plus qu’il