Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/101

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ne convient, ceignez mon front de baccar, de peur que sa langue dangereuse ne nuise au poëte futur.

CORYDON.

Le jeune Mycon te consacre, ô vierge de Délos ! cette hure de sanglier aux longues soies, et cette ramure d’un vieux cerf. Si ce bonheur est constant, il t’élèvera une statue de marbre poli, les jambes ornées d’un cothurne de pourpre.

THYRSIS.

Un vase de lait, quelques gâteaux, voilà, Priape, les seules offrandes que, chaque année, tu puisses attendre de moi : tu ne gardes qu’un petit verger. Je t’ai élevé une statue de marbre, selon mes moyens ; mais, si la fécondité des mères répare les pertes de mon troupeau, tu seras d’or.

CORYDON.

Fille de Nérée, ô Galatée ! plus douce à mon gré que le thym de l’Hybla, plus blanche que le cygne, plus belle que le lierre argenté, dès que les taureaux rassasiés regagneront l’étable, viens, si ton Corydon t’est cher encore.

THYRSIS.

Et moi, je veux te paraître plus amer que l’herbe de Sardaigne, plus hérissé que le houx, plus vil que l’algue que rejettent les