Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/102

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flots, si ce jour ne me semble déjà plus long qu’une année entière. Allons, mes bœufs, n’avez-vous pas honte de paître si longtemps ? retournez à l’étable.

CORYDON.

Fontaines bordées de mousse, gazon si doux pour le sommeil, et toi, vert arboisier, qui les couvres à peine d’un léger ombrage, défendez mon troupeau des ardeurs du solstice : déjà arrive l’été brûlant ; déjà sur la vigne féconde se gonflent les bourgeons.

THYRSIS.

Ici nous avons un foyer, du bois résineux, un grand feu et des poutres toutes noires d’une éternelle fumée. Ici on s’inquiète du souffle glacé de Borée, comme le loup du nombre des brebis, comme le torrent de ses rives.

CORYDON.

Voyez s’élever le genévrier et le châtaignier épineux ; leurs fruits jonchent la terre, épars çà et là sous les arbres qui les ont portés : aujourd’hui tout est riant ; mais si le bel Alexis abandonnait nos montagnes, les fleuves mêmes tariraient.

THYRSIS.

Nos champs sont desséchés ; l’herbe flétrie meurt dans les