Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ÉGLOGUE VIII.

DAMON, ALPHÉSIBÉE.


Je redirai les chants de Damon et d’Alphésibée : attentive à leur lutte, la génisse oublia l’herbe tendre ; les lynx charmés s’arrêtèrent immobiles ; les fleuves troublés suspendirent leurs cours : Je redirai les chants de Damon et d’Alphésibée.

Ô toi, soit que déjà tu franchisses les rochers du Timave, soit que tu côtoies les bords de la mer d’Illyrie, ne viendra-t-il jamais, le jour où je pourrai célébrer tes exploits, et faire connaître à l’univers entier tes vers, les seuls dignes de la muse tragique de Sophocle ? Premier objet de mes chants, tu en seras le dernier. Accepte ces vers composés par ton ordre, et permets que ce lierre s’entrelace sur ton front avec les lauriers de la victoire.

L’ombre froide de la nuit avait à peine quitté le ciel ; la rosée, si douce aux troupeaux, brillait encore sur l’herbe tendre, lorsque Damon, appuyé sur sa houlette d’olivier, commença ainsi :

DAMON.

« Parais, étoile du matin, et ramène derrière toi la clarté bien-