Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/107

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forêts ! je vais du sommet de cette roche escarpée me précipiter dans les ondes. Que ma mort, ô Nisa ! te soit une dernière preuve de mon amour !

Cesse, ma flûte, cesse de répéter les chants du Ménale. »

Ainsi chantait Damon ; c’est à vous, muses, de nous apprendre ce que répondit Alphésibée : une même voix ne se peut prêter à tous les tons.

ALPHÉSIBÉE.

Apporte l’eau lustrale ; entoure l’autel de bandelettes flexibles ; fais-y brûler l’encens mâle et la verveine résineuse ; essayons d’égarer, par un sacrifice magique, la raison d’un insensible amant : rien ne manque plus ici que les paroles magiques.

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Les paroles magiques peuvent même faire descendre la lune du haut des cieux ; par elles, Circé transforma les compagnons d’Ulysse ; dans les prairies, le froid serpent se brise et expire sous la voix de l’enchanteur.

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Je commence par entourer ton image de trois bandelettes de trois couleurs différentes, et je la promène trois fois autour de cet autel ; le nombre impair plaît à la divinité.