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Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Amaryllis, serre de trois nœuds ces bandelettes de trois couleurs ; Amaryllis, serre-les à l’instant, et dis : « Je noue les liens de Vénus. »

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Le même feu durcit cette argile et fait fondre cette cire : puisse mon amour avoir autant d’empire sur Daphnis ! Répands la farine sacrée, et embrase ces lauriers avec le soufre. Daphnis me brûle, le méchant ! et moi, dans ce laurier, je brûle Daphnis.

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Que Daphnis soit en proie à l’amour, comme la génisse qui, lasse de chercher, à travers les bois et les forêts profondes, un jeune taureau l’objet de ses désirs, tombe au bord d’un ruisseau, et, sans espoir, haletante, oublie la nuit qui la rappelle à l’étable. Qu’ainsi Daphnis soit en proie à l’amour, et qu’il me trouve insensible à ses maux !

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Voici les dépouilles que naguère m’a laissées le perfide : gages bien chers de son amour ! je les enfouis sous le seuil même de cette porte : terre, je te les confie ; ces gages doivent me rendre Daphnis.