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Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Ces herbes enchantées, ces poisons cueillis dans le Pont, c’est Méris lui-même qui me les a donnés : le Pont les produit en abondance. J’ai vu, par leur secours, Méris, plus d’une fois, se changer en loup et s’enfoncer dans les bois ; du fond de leurs tombeaux évoquer les mânes, et transporter les moissons d’un champ dans un autre.

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de la ville en ces lieux !

Emporte ces cendres, Amaryllis, jette-les, par-dessus ta tête, dans le courant du ruisseau ; surtout ne regarde pas derrière toi. C’est le dernier charme que j’emploie contre Daphnis. Mais le cruel se rit des dieux et dés enchantements.

Ramenez, charmes puissants, ramenez Daphnis de ta ville en ces lieux !

Regarde : tandis que je tarde à enlever cette cendre, elle a d’elle-même entouré l’autel de flammes tremblantes. Qu’heureux soit le présage ! Mais qu’entends-je ? Hylax aboie à la porte ! Le croirai-je ? n’est-ce pas une de ces illusions que se forment les amants ?

Cessez, charmes puissants, cessez : Daphnis revient de la ville en ces lieux. »