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ÉGLOGUE IX.

LYCIDAS, MÉRIS.


LYCIDAS.

Où portes-tu tes pas, Méris ? Vas-tu où ce chemin te conduit, à la ville ?

MÉRIS.

Ô Lycidas ! n’avons-nous tant vécu que pour voir (ce que rien ne devait nous faire craindre) un étranger s’emparer de notre humble domaine et nous dire : « Ceci est à moi ; partez, anciens colons. » Maintenant vaincus, pleins de tristesse, jouets du sort qui bouleverse tout, il nous faut encore envoyer ces chevreaux au ravisseur : puisse ce don lui être funeste !

LYCIDAS.

J’avais pourtant ouï-dire que, depuis l’endroit où la colline commence à s’abaisser et descend, par une pente plus douce, jusqu’au fleuve et jusqu’à ce vieux hêtre dont les ans ont brisé la cime, votre Ménalque, pour prix de ses vers, avait conservé tous ses biens.

MÉRIS.

On te l’a dit, et le bruit en a couru ; mais, Lycidas, au milieu