Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/111

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du tumulte des armes, nos vers ont aussi peu de force que les colombes de Chaonie, quand l’aigle fond sur elles ; et si, du creux d’un chêne, la corneille ne m’eût averti de couper court à de nouveaux démêlés, ni ton cher Méris ni Ménalque lui-même ne vivraient plus.

LYCIDAS.

Hélas ! peut-on comprendre un tel forfait ? Quoi ! Ménalque, on a failli nous ravir avec toi toute consolation ! Qui désormais eût chanté les nymphes, couvert la terre d’herbes fleuries, couronné les fontaines d’ombrages verdoyants ? Quel autre eût fait ces vers que je te surpris l’autre jour, à ton insu, lorsque tu te rendais auprès d’Amaryllis, nos amours ? « Tityre, jusqu’à mon retour (je ne vais pas loin) fais paître mes chèvres ; ensuite, mène-les à la fontaine ; mais, en les conduisant, évite la rencontre du bouc : il frappe de la corne ; prends-y garde. »

MÉRIS.

Ou plutôt ces vers qu’encore inachevés il adressait à Varus : « Ô Varus, ton nom, si Mantoue nous est conservée, Mantoue trop voisine, hélas ! de l’infortunée Crémone, les cygnes, dans leurs chants sublimes, le porteront jusqu’aux nues. »