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LYCIDAS.

Puissent tes essaims ne se reposer jamais sur les ifs de Corse ! puisse le cytise nourrissant gonfler les mamelles de tes brebis ! Commence, si tu sais quelques vers nouveaux. Et moi aussi, les muses m’ont fait poëte ; moi aussi, j’ai composé des vers ; moi aussi, les bergers me disent inspiré ; mais je ne crois point à leurs éloges, car je n’ai encore rien fait qui me semble digne de Varus et de Cinna : faible oison, je mêle aux chants mélodieux des cygnes mes cris discordants.

MÉRIS.

Je songe à te satisfaire, cher Lycidas, et cherche tout bas à me rappeler certains vers ; ils ne sont pas sans mérite : « Viens, ô Galatée ! quel plaisir trouves-tu dans les ondes ? ici, brille le printemps aux couleurs de pourpre ; ici, la terre embellit le bord des fleuves de mille fleurs variées ; ici, le blanc peuplier se penche languissant sur ma grotte, et la vigne la couvre de ses rameaux entrelacés. Viens ; laisse la vague furieuse battre follement le rivage. »

LYCIDAS.

Et ces vers que je t’ai entendu chanter seul pendant une belle nuit ? J’ai retenu l’air ; si je me souvenais des paroles !