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MÉRIS.

« Pourquoi, Daphnis, contempler le lever des anciennes constellations ? vois s’avancer l’astre de César, fils de Vénus : astre bienfaisant, sa douce influence fécondera nos guérets, et, sur nos coteaux, mûrira la grappe vermeille. Greffe tes poiriers, Daphnis : tes arrière-neveux en recueilleront les fruits. »

Le temps emporte tout ; tout, même l’esprit. Souvent, bien jeune encore, je passais, il m’en souvient, des journées entières à chanter ; maintenant tous ces airs, je les ai oubliés. Déjà même la voix manque à Méris ; pauvre Méris ! des loups t’auront aperçu les premiers. Quant à ces vers que tu me demandes, souvent Ménalque te les redira.

LYCIDAS.

Que tous ces délais irritent mes désirs ! Tu le vois : pour toi l’onde s’est calmée : elle dort silencieuse : les vents se taisent, et l’on n’entend pas le plus léger murmure. Nous voici à la moitié du chemin ; déjà le tombeau de Bianor commence à nous apparaître. Vois-tu ces arbres dont la main du laboureur élague le feuillage trop épais ? c’est ici, Méris, qu’il nous faut chanter ; dépose ici tes chevreaux ; nous serons encore assez tôt à la ville. Mais si tu crains que la pluie et la nuit ne nous surprennent,