Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/115

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Aganippe n’arrêtèrent vos pas. Les lauriers, les bruyères même pleurèrent Gallus. Et le Ménale aussi avec ses forêts de pins, et le Lycée avec ses glaces pleurèrent, en le voyant étendu au pied d’un rocher solitaire. Autour de lui ses brebis se tiennent immobiles : (les brebis s’intéressent à nos peines ; et toi, divin poëte, ne rougis pas de guider un troupeau : le bel Adonis lui-même menait paître ses brebis le long des fleuves).

Le berger vient d’abord ; viennent ensuite les pesants bouviers, puis arrive Ménalque tout mouillé de la glandée d’hiver. Tous lui demandent : « Pourquoi ce fol amour ? » Apollon accourt et lui dit : « Gallus, quel est ton délire ? L’objet de toutes tes pensées, Lycoris, suit un autre amant à travers les frimas et les horreurs des camps. »

Ensuite arriva Silvain, la tête ornée d’une couronne champêtre, agitant des branches d’arbrisseaux en fleur et de longues tiges de lis. Le dieu de l’Arcadie, Pan, vint aussi ; nous-mêmes nous l’avons vu, le visage coloré de vermillon et du jus sanglant de l’hièble : « Quand finiront tes regrets ? dit-il ; l’Amour n’est point sensible à de telles douleurs. Le cruel Amour ne se rassasie pas plus de larmes que les prés de l’eau des ruisseaux, les abeilles de cytise, les chèvres de feuillage. »

Mais lui, toujours triste : « Arcadiens, vous chanterez du moins