Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/152

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vet ; ces laines délicates que le Sère enlève aux feuilles de ses arbres ; ces bois sacrés qui s’élèvent aux extrémités du monde, sur les rivages de l’Inde, et dont jamais une flèche, lancée par la main la plus vigoureuse, ne dépassa la hauteur ? et pourtant quelle nation plus habile à décocher un trait ? La Médie produit ce fruit salutaire dont les sucs amers et la saveur persistante chassent des veines, avec une si puissante activité, le poison qu’y a versé une marâtre en y mêlant des paroles magiques. Cet arbre est grand ; il ressemble beaucoup au laurier ; et, sans l’odeur différente qu’il répand au loin, ce serait le laurier. Sa feuille résiste à tous les vents, et sa fleur est extrêmement tenace. Les Mèdes s’en servent pour parfumer leur haleine et leurs bouches infectes, et pour venir en aide aux vieillards asthmatiques.

Mais ni les riches forêts des Mèdes, ni les belles rives du Gange, ni l’Hermus et ses sables d’or, ni la Bactriane, ni l’Inde, ni l’Arabie, dont le sol produit l’encens, ne sauraient le disputer en merveilles à l’Italie. Les champs de l’Italie ne furent point, il est vrai, labourés par des taureaux jetant du feu par les narines ; jamais les dents d’un dragon n’y furent semées ; jamais une moisson de casques, de lances et de guerriers n’en hérissa les