Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/153

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guérets. Mais des épis chargés de grains et le Massique cher à Bacchus abondent en ces contrées remplies d’oliviers et de joyeux troupeaux. Ici, le coursier belliqueux s’élance fièrement du pâturage ; là, de blanches brebis, et le taureau, la plus noble des victimes, baigné, dieu de Clitumne, dans tes ondes sacrées, ont conduit aux temples des dieux nos pompes triomphales. Ici règne un printemps éternel ; ici règne l’été en des mois qui ne sont pas les siens ; deux fois les brebis sont mères, deux fois les arbres se couvrent de fruits. On n’y craint ni la rage du tigre, ni la race cruelle du lion ; la main trompée n’y cueille point de mortels poisons. Jamais un serpent n’y déroule ses immenses anneaux ou ne les ramène en replis tortueux. Ajoutez tant de villes magnifiques, de merveilleux travaux : ces forteresses suspendues sur des rocs escarpés, ces fleuves qui coulent sous nos antiques remparts. Parlerai-je des deux mers qui, au nord et au midi, baignent l’Italie ; des lacs immenses qu’elle renferme ? Faut-il te nommer, toi, Laris, le plus grand de tous ; et toi, Bénacus, qu’à tes frémissements, à tes flots soulevés, on dirait une mer ? Faut-il rappeler ces ports célèbres, ces barrières qui défendent le Lucrin, et contre lesquelles vient en mugissant se briser l’onde indignée, dans ces lieux où le port Jules retentit au loin du bruit des flots qu’il repousse d’un côté, tandis que,