Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/157

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une terre est forte ou légère, et partant plus propre au froment, ou si elle convient mieux à la vigne. Cérès veut une terre forte, Bacchus exige la plus légère. Choisis d’abord un endroit propice : fais-y creuser une fosse profonde, dans laquelle on repousse la terre qui vient d’en sortir ; qu’ensuite ton pied la foule, pour la mettre de niveau avec le terrain : descend-elle sous les bords ? cette terre est légère ; les troupeaux et la vigne y prospéreront également. Refuse-t-elle au contraire de rentrer au lieu d’où elle est tirée, et, une fois la fosse comblée, en excède-t-elle les bords ? c’est une terre forte, dont la charrue soulèvera avec peine les glèbes paresseuses et rebelles ; pour la fendre, emploie de vigoureux taureaux.

Mais ce terrain salé, amer, triste, stérile, que la culture ne saurait adoucir, où la vigne dégénère, où les fruits perdent jusqu’à leur nom, voici le moyen de le reconnaître. Détache de tes toits enfumés tes tamis et tes mannes d’osier serré ; remplis-les de mauvaise terre humectée d’une eau douce, et foule cette terre avec les pieds. L’eau, pour s’échapper, s’écoulera goutte à goutte à travers le tissu d’osier : indice certain, sa triste amertume révoltera le palais qui en aura tenté l’essai.

Une terre grasse se reconnaît à ces marques : on a beau la