Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/163

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terre à leurs pieds, à y pousser le dur hoyau, à y promener le soc de la charrue, et à faire passer et repasser entre leurs rangs tes bœufs infatigables. Ensuite, présente à la jeune vigne de légers roseaux, des baguettes dépouillées de leur écorce, des échalas de frêne et de solides bâtons fourchus : avec leur appui, elle apprend à s’élever, à braver les vents, à gagner, de branche en branche, le sommet des ormeaux.

Mais lorsque, jeune encore, ta vigne se couvre d’un tendre feuillage, ménage sa faiblesse ; et alors même qu’elle s’élance et s’étend librement dans les airs, il n’est pas encore temps de la livrer au tranchant de la serpe : que ta main seulement éclaircisse son feuillage. Mais quand ses branches plus vigoureuses serrent les ormes de leurs nœuds redoublés, alors retranche, coupe les branches parasites. Plus tôt, elles redoutent le fer ; mais maintenant exerce sans pitié ton empire, et arrête l’essor et l’exubérance de ses rameaux.

Qu’une haie étroitement enlacée écarte les troupeaux de la vigne, surtout lorsque, tendre encore, sa feuille n’a pas éprouvé les intempéries de l’air. Déjà exposée aux rigueurs de l’hiver et aux ardeurs du soleil, qu’elle n’ait pas du moins à craindre les insultes du buffle sauvage et du chevreuil avide, ni la dent des brebis et de la génisse toujours prête à la brouter. Les frimas