Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/164

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dont l’hiver blanchit les plaines, les rayons du soleil qui brûlent les rochers, sont moins funestes à la vigne que la dent meurtrière de ces animaux, et la cicatrice qu’imprime leur morsure.

Voilà le crime qu’expie le bouc, immolé sur tous les autels de Bacchus ; voilà l’origine antique des jeux de la scène : de là, les prix proposés au génie, dans les bourgs et les carrefours, par les enfants de Thésée ; de là ces luttes où, ivres de vin et de gaieté, ils sautaient au milieu des prairies sur des outres huilées. Les laboureurs d’Ausonie, bien qu’issus des Troyens, célèbrent aussi ces fêtes par des vers rustiques et un rire effréné. Ils se font avec des écorces d’arbres des masques hideux ; puis t’invoquant, ô Bacchus, dans leur chant d’allégresse, ils suspendent, en ton honneur, au haut d’un pin, de légères images. Dès lors le vignoble se couvre de grappes nombreuses ; les vallons, les coteaux, tous les lieux enfin où le dieu s’est montré, s’embellissent de fertiles vendanges. Honneur donc à Bacchus ! fidèles à son culte, répétons à sa louange les hymnes de nos pères ; offrons-lui des fruits et des gâteaux sacrés ; que le bouc soit mené par la corne au pied de son autel, et que des broches de coudrier fassent rôtir les entrailles de la victime.

La vigne exige encore un autre travail, travail qu’il faut recom-