Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/165

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mencer sans cesse. Trois ou quatre fois par an, il faut, autour d’elle, fendre le sol, en briser assidûment avec le hoyau les mottes rebelles, et soulager le cep d’un feuillage qui l’accable. Le travail du vigneron renaît toujours et roule dans un cercle éternel comme l’année qui revient continuellement sur ses traces. Quand la vigne est dépouillée de ses dernières feuilles, et que le froid Aquilon a enlevé aux forêts leur parure, déjà le laboureur étend sur l’année qui doit venir ses soins prévoyants ; armé du fer recourbé de Saturne, il taille sa vigne, et la façonne en l’émondant. Sois donc le premier à bêcher la terre, le premier à enlever, à brûler le sarment, et à retirer tes échalas, mais le dernier à vendanger. Deux fois la vigne est étouffée sous son feuillage ; deux fois sa tige est assiégée d’une herbe stérile : tâches doublement pénibles. Vante, si tu le veux, les vastes domaines ; contente-toi d’en cultiver un petit. Ne faut-il pas encore couper le houx pliant dans la forêt, et le jonc aux bords des fleuves ? L’osier inculte n’est pas non plus à négliger. Enfin, tes vignes sont liées ; leurs rameaux laissent reposer la serpe, et le vigneron façonne, en chantant, son dernier cep. Eh bien, la bêche doit encore remuer la terre, la réduire en poudre, et, pour tes raisins déjà mûrs, tu as a craindre les orages.