Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/166

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L’olivier, au contraire, ne demande point de culture ; il n’attend ni le secours de la serpe, ni les dents du hoyau, dès qu’il a pris racine et affronté le grand air. La terre, une fois remuée, lui fournit la séve nécessaire, et un simple labour suffit à lui faire produire des fruits abondants. Nourris donc le fertile olivier, heureux symbole de la paix.

L’arbre fruitier n’exige pas plus de soin : dès qu’il sent son tronc affermi et qu’il a acquis la force nécessaire, il s’élance de lui-même dans les airs, sans avoir besoin de notre aide. Ainsi encore se chargent de fruits les arbres de nos bois : sur le buisson inculte, on voit rougir la mûre sanglante ; le cytise fleurit pour les chevreaux ; les forêts nous fournissent ces pins résineux qui nous éclairent la nuit et nous versent la lumière. Et l’homme hésiterait à les planter et à les cultiver ! Mais, sans parler des grands arbres, le saule, l’humble genêt, n’offrent-ils pas aux troupeaux leur feuillage, leur ombrage aux bergers, des haies aux moissons, et des sucs à l’abeille ? On aime à voir, sur le mont Cytore, le buis ondoyant, les sapins de Narycie qui fournissent la poix, et ces champs qui ne doivent rien au râteau, ni aux soins de l’homme. Même sur les sommets du Caucase, des forêts stériles, sans cesse battues et fracassées par le souffle violent