Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/167

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de l’Eurus, ont aussi leurs produits utiles : elles donnent des sapins pour les navires, des cèdres et des cyprès pour nos maisons. Le laboureur en tire, pour les roues de ses chars, des rayons et de solides moyeux ; le navigateur, la carène de son vaisseau.

Le saule nous prodigue son osier flexible, l’orme son ombrage, le myrte et le cornouiller leurs jets vigoureux, recherchés pour la guerre ; l’if, sous la main du Parthe, se courbe en arc ; le tilleul uni, le buis docile, se façonnent au gré du tour et du fer qui les creuse. Lancé sur le Pô, l’aune léger fend les ondes ; et l’abeille cache ses rayons sous des écorces creuses et dans les flancs d’un chêne miné par les ans. Les présents de Bacchus valent-ils ces richesses ? Bacchus a même quelquefois été cause de crimes. C’est lui qui, après avoir rempli les Centaures de ses fureurs, immola sans pitié Rhœtus, Pholus, et Hylée qui d’une énorme coupe menaçait les Lapithes.

Trop heureux l’habitant des campagnes s’il connaissait son bonheur ! loin des discordes, loin des combats, la terre, justement libérale, lui prodigue une nourriture facile. Il n’a point, il est vrai, une maison splendide dont les portes magnifiques vomissent des flots de clients venant saluer le réveil de leur patron. Il ne regarde pas avec l’ébahissement de l’envie les lambris