Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/168

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incrustés d’écaille, les vêtements où l’or se joue, et les riches vases de Corinthe ; la pourpre de Tyr n’altère point la blancheur de ses laines ; jamais il ne corrompt l’huile limpide par un mélange de cannelle ; mais la sécurité, le repos, une vie à l’abri des coups du sort et riche en mille biens ; mais du loisir au milieu des campagnes, des grottes, des sources d’eau vive ; mais de fraîches vallées, les mugissements des bœufs, et sous un arbre un doux sommeil ; voilà les biens qui ne lui manquent point. C’est aux champs qu’on trouve les bocages et les repaires des bêtes fauves, une jeunesse laborieuse et sobre, le culte des dieux, le respect pour la vieillesse ; c’est là qu’en se retirant de la terre la justice laissa les traces de ses derniers pas.

Pour moi, daignent les muses, mes plus douces amours, l’objet de mon culte profond, accepter mon hommage, m’enseigner les mouvements secrets du ciel et des astres, la cause des éclipses du soleil et de la lune ; pourquoi tremble la terre ; quelle force soulève les mers, brise leurs barrières, et les fait ensuite retomber sur elles-mêmes ; pourquoi le soleil d’hiver se hâte de se plonger dans l’Océan ; quel obstacle retarde en été le retour de la nuit. Mais si je ne puis aborder ces mystères de la nature, si mon sang refroidi ne me permet pas de m’élever jusqu’à eux, que du