Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/179

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Qu’elles paissent en des bois solitaires, auprès d’un ruisseau qui coule à pleins bords et leur offre une mousse épaisse, des rives couvertes d’un vert gazon, des grottes qui les abritent et des rochers qui les couvrent de leur ombre salutaire. Près des bois de Silare et des vertes forêts de chênes qui couvrent l’Alburne, pullule un insecte que les Romains ont nommé asilo, et que les Grecs appellent œstron dans leur langage : insecte toujours furieux, le seul bruit de son aigre bourdonnement met en fuite les troupeaux épouvantés. Le ciel, les forêts, les rives desséchées du Tanagre retentissent de longs mugissements. C’est le monstre que déchaîna l’horrible vengeance de Junon, pour faire périr la fille infortunée d’Inachus. Attentif à garantir les jeunes mères de ce fléau, qui s’attache à elles avec plus de violence pendant les feux du midi, tu les conduiras au pâturage, quand le soleil commence à paraître, ou lorsque les astres ramènent la nuit.

Une fois nés, leurs petits appellent tous tes soins. Que d’abord un fer brûlant imprime sa marque sur leur corps, pour distinguer leur race et l’usage auquel on les destine. Les uns repeupleront le troupeau ; les autres, victimes sacrées, seront réservés aux autels ; ceux-ci ouvriront le sein de la terre, et briseront les glèbes dont elle est hérissée. Tout le reste ira en liberté paître l’herbe des prairies.

Ceux que tu veux dresser aux habitudes et aux travaux cham-