Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa tendre couvée : c’est ainsi qu’elle façonne avec art la cire nouvelle et donne au miel sa consistance.

Bientôt, quand tu verras un jeune essaim, échappé de sa ruche, s’élever jusqu’aux cieux et flotter dans l’air limpide, tel qu’un épais nuage qu’emporte le vent, suis-le : il va chercher une onde pure et un toit de feuillage. Répands, dans ces lieux, les odeurs chéries des abeilles : que la mélisse broyée se mêle à la pâquerette ; fais-y retentir l’airain et les cymbales bruyantes de Cybèle. D’elles-mêmes les abeilles viendront se fixer dans ces demeures parfumées, et reprendre, au fond de ces ruches nouvelles, leurs travaux accoutumés.

Mais si elles volent au combat, car souvent, entre deux rois, s’élèvent de terribles discordes, l’on peut tout d’abord prévoir les sentiments du peuple et l’ardeur belliqueuse qui fait palpiter les cœurs. Le bruit guerrier de l’airain semble hâter leur marche, et leur bourdonnement imite les bruyants éclats de la trompette. Alors, elles s’assemblent en tumulte, agitent leurs ailes, aiguisent leurs dards avec leurs trompes, et, rangées en foule autour de leur roi, devant sa cellule, elles appellent à grands cris l’ennemi au combat.