Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dès qu’un beau jour a lui et leur a ouvert un libre champ, soudain les barrières sont franchies, la bataille s’engage, et l’air en retentit ; les combattants se mêlent, s’agitent en un rapide tourbillon, et tombent précipités sur la terre. La grêle fond moins serrée pendant un orage ; le gland tombe moins nombreux du chêne que l’on secoue. Au milieu des rangs, les rois eux-mêmes, remarquables par l’éclat de leurs ailes, déploient dans un faible corps un grand courage, obstinés qu’ils sont à ne point céder, jusqu’à ce que la victoire ait forcé un des deux rivaux à plier et à fuir. Mais, ces courages émus, ces terribles combats, un peu de poussière jetée en l’air les apaise à l’instant. Lorsque tu auras ainsi séparé les deux chefs, livre au trépas celui qui aura montré le moins de valeur : il serait pour l’état un fardeau inutile. Que le plus brave règne seul désormais. Celui-ci, car il y a deux espèces, se reconnaît à l’éclat de sa tête, aux écailles brillantes de sa cuirasse, aux taches d’or répandues sur ses anneaux : l’autre, à sa hideuse figure, à sa marche paresseuse, au ventre ignoble qu’il traîne pesamment. Ainsi que les deux rois, les sujets ont un aspect différent. Sombres et hideux, les uns ressemblent à la salive épaisse que chasse de son gosier altéré le voyageur qui vient de marcher dans des che-