Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/204

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mins poudreux ; les autres étincellent et brillent de taches qui ont l’éclat de l’or : voilà la meilleure race ; celle qui, dans la saison, te donnera le miel le plus exquis par sa douceur et plus encore par sa pureté, et propre à corriger l’àpreté d’un vin trop dur.

Vois-tu tes essaims voltiger sans but, se jouer dans l’air, oublier leurs rayons, et abandonner leurs ruches solitaires : hâte-toi de fixer leur légèreté, de les détourner d’un vain amusement. Rien de plus facile. Arrache les ailes à leurs rois ; les rois restant tranquilles, nul sujet n’osera lever l’étendard et le déployer dans la plaine. Que des jardins remplis de fleurs odorantes les invitent aussi à s’y arrêter ; qu’armé de sa faux de bois de saule, le dieu de Lampsaque les défende des voleurs et des oiseaux. Et si tes abeilles te sont chères, va toi-même sur les hautes montagnes cueillir le thym, et chercher de jeunes pins, pour en entourer leur habitation ; qu’un dur travail exerce ta main ; plante toi-même ces fertiles rejetons, et verse-leur une eau bienfaisante.

Pour moi, si, bientôt à la fin de ma course, je ne ployais déjà mes voiles, impatient de regagner le rivage, peut-être chanterais-je l’art d’embellir les jardins, de cultiver le rosier de Pæstum,