Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écumant couler sur ses rayons pressés. Le tilleul et le pin lui offraient partout leur ombrage. Autant de fleurs ornaient au printemps ses arbres fertiles, autant il cueillait en automne de fruits mûrs. Il avait même disposé en allées régulières des ormes déjà vieux, des poiriers durcis par les ans, des pruniers dont la greffe a changé la nature sauvage, et des platanes qui, déjà, prêtaient aux buveurs leur ombre hospitalière. Mais resserré dans des bornes étroites, j’abandonne ce sujet à mes successeurs. Je vais dire maintenant les instincts merveilleux dont Jupiter reconnaissant dota les abeilles, lorsque, attirées par le bruit de l’airain et le son des cymbales retentissantes des Curètes, elles nourrirent le roi du ciel dans l’antre de Dicté.

Seules, les abeilles élèvent en commun leur progéniture, habitent une cité commune, et vivent sous des lois fidèlement observées. Seules, elles connaissent une patrie et des pénates fixes. Prévoyant l’hiver qui doit venir, elles travaillent l’été, et mettent en commun ce qu’elles ont amassé. Chacune a son emploi : les unes sont chargées du soin des vivres, et vont butiner dans la campagne ; les autres, occupées dans l’intérieur de la ruche, élèvent les fondements de l’édifice, en mêlant aux pleurs du narcisse la gomme visqueuse des arbres, et cimentent ensuite avec de la