Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/207

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cire les différents étages de leurs cellules. Celles-ci font éclore et nourrissent les jeunes abeilles, espoir de la nation ; celles-là distillent un miel pur, et remplissent les alvéoles d’un liquide nectar. À d’autres est échue la garde des portes : sentinelles vigilantes, elles observent tour à tour les signes précurseurs de la pluie et du vent ; tantôt elles reçoivent les fardeaux de celles qui reviennent de butiner, ou bien elles se réunissent pour chasser de leur demeure le frelon paresseux. Tout s’anime au travail, et l’air est embaumé de l’odeur du thym. Ainsi quand les Cyclopes se hâtent de forger les foudres de Jupiter, les uns, avec d’énormes soufflets faits de la peau des taureaux, attirent et repoussent l’air qui excite le feu ; les autres plongent dans l’eau l’airain frémissant ; l’Etna gémit sous le poids des enclumes. Ils soulèvent, avec de grands efforts, et laissent retomber leurs bras en cadence, et retournent le fer avec de mordantes tenailles. Telle est, si l’on peut comparer les petites choses aux grandes, l’ardeur naturelle qu’ont les abeilles d’ajouter, chacune dans son emploi, aux richesses qu’elles ont déjà amassées. Les plus vieilles ont soin de l’intérieur ; ce sont elles encore qui consolident les rayons et en façonnent l’ingénieux édifice. Les plus jeunes ne rentrent que le soir, bien fatiguées, et les cuisses chargées de la poussière du thym ; elles vont aussi effleurer l’arbousier, le saule verdâtre, le