Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/208

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romarin, le safran éclatant, le tilleul gommeux et le sombre hyacinthe.

Le temps du travail et du repos est le même pour toutes les abeilles. Le matin, elles s’élancent soudain hors de la ruche ; et quand l’étoile du soir les avertit de quitter enfin les prairies, elles regagnent leurs demeures, et réparent leurs forces épuisées. Un bruit se fait entendre ; elles bourdonnent autour des portes et le long des remparts. Mais dès qu’elles sont rentrées dans leur cellule, le silence règne pour toute la nuit, et un sommeil réparateur enchaîne leurs membres fatigués.

Jamais, quand la pluie menace, elles ne s’éloignent de leurs ruches ; jamais, à l’arrivée d’un grand vent, elles ne se hasardent dans les airs. Cantonnées alors autour de leurs murailles, elles vont puiser de l’eau à la source voisine : là se bornent leurs excursions. Quelquefois elles enlèvent avec elles un grain de sable pour leur servir de lest, comme le gravier à une barque légère, et elles se balancent ainsi sans crainte au sein des nuages.

Ce qui te paraîtra surtout merveilleux dans les mœurs des abeilles, c’est qu’elles ignorent les caresses de l’hymen, qu’elles ne s’énervent point lâchement dans les plaisirs de l’amour, et qu’elles n’engendrent pas avec effort. Elles recueillent avec leur trompe des germes nés sur les feuilles et les plantes les plus