Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/214

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Cependant les humeurs s’échauffent et fermentent dans le corps de l’animal. Bientôt, ô prodige ! on en voit sortir une foule d’insectes, informes d’abord et sans pieds ; puis, agitant déjà leurs ailes bruyantes, ils se hasardent de plus en plus, et s’élèvent dans les airs, comme la pluie qui tombe des nuages d’été, comme ces traits que lance le Parthe en commençant le combat. Muses, quel dieu fut l’inventeur de cet art ? Comment cette découverte a-t-elle pris naissance ?

Le berger Aristée fuyait les bords du Pénée, après avoir, dit-on, perdu toutes ses abeilles par la maladie et par la faim. Triste, il s’arrêta aux sources sacrées du fleuve, se répandant en plaintes, et s’adressant ainsi à la nymphe qui lui donna le jour : « Ô Cyrène ! ô ma mère ! qui habites au fond de ces eaux, pourquoi m’avoir fait naître du noble sang des dieux (si toutefois, comme tu l’assures, Apollon est mon père), puisque je suis ainsi en butte à la haine des destins ? Qu’est devenue ta tendresse pour moi ? Pourquoi me faire espérer le ciel ? Ce bien même, le seul qui faisait la gloire de ma vie mortelle, ce bien qu’après tant d’essais et de peines m’avaient procuré la culture des champs et les soins donnés à mes troupeaux, je le perds aujourd’hui ; et tu es ma mère ! achève : de ta main arrache mes arbres fertiles ; porte dans mes étables la