Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/215

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flamme ennemie ; détruis mes moissons, brûle mes semences, brandis contre mes vignes la forte hache à deux tranchants, puisque l’honneur d’un fils te trouve si insensible. »

À cette voix, du fond de son humide séjour, Cyrène s’est émue ; autour d’elle, les nymphes étaient occupées à filer la laine de Milet, teinte d’un vert azuré. C’étaient Drymo, Xantho, Ligée et Phyllodocé, dont les beaux cheveux flottaient sur un cou d’albâtre ; Nesée, Spio, Thalie et Cymodocé ; Cydippe, vierge encore, et la blonde Lycoris qui, pour la première fois, venait de connaître les douleurs de Lucine ; Clio, et Béroé sa sœur, vêtues toutes deux de peaux nuancées de diverses couleurs, et ornées d’une ceinture d’or ; Éphyre, Opis, Déiopée, fille d’Asias, et l’agile Aréthuse, qui avait enfin déposé son carquois.

Au milieu d’elles, Clymène racontait les inutiles précautions de Vulcain, les ruses de Mars et ses doux larcins, et, depuis le Chaos, les innombrables amours des dieux. Attentives à ses récits, les nymphes laissaient rouler leurs légers fuseaux, lorsqu’une seconde fois les plaintes d’Aristée frappent l’oreille de sa mère. Sur leurs siéges de cristal toutes ont tressailli ; mais, plus prompte, Aréthuse élève au-dessus des eaux sa blonde chevelure, et de