Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/216

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loin : « Oh ! ce n’est pas en vain que ton cœur s’alarmait de ces plaintes, Cyrène, ô ma sœur ! lui-même, l’objet de ta tendresse, Aristée est là sur les rives du fleuve paternel, triste, baigné de larmes, et te reprochant ta cruauté. » À ces mots, le cœur saisi d’un nouvel effroi, Cyrène s’écrie : « Mon fils ! amène-moi mon fils ! mon fils a droit d’entrer dans le palais des dieux. » Elle dit, et ordonne au fleuve de s’écarter, pour livrer au jeune homme un libre passage : devant lui l’onde s’entr’ouvre, et, se repliant en forme de montagne, le reçoit dans son vaste sein, et le conduit au fond du fleuve.

Il s’avance, admirant la demeure de sa mère, et son humide empire, et ces lacs enfermés dans des grottes immenses, et ces forêts retentissantes. Étonné du bruit de toutes les eaux qui l’entourent, il voit, sous la voûte profonde de la terre, rouler ces fleuves qui se répandent dans les diverses contrées du monde : le Phase, le Lycus, et la source profonde d’où s’élance l’Énipée ; le Tibre, père des Romains, l’Anio paisible ; l’Hypanis se brisant à grand bruit sur les rochers ; l’Éridan au front de taureau, armé de deux cornes dorées, l’Éridan, le plus impétueux des fleuves qui, à travers des plaines fertiles, se précipitent dans le sein des mers.

Lorsque Aristée eut pénétré dans le palais de la déesse, sous