Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/274

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entreprise ont toujours reposé sur la protection de Pallas ; mais depuis que le fils impie de Tydée, et Ulysse, cet artisan de crimes, ont voulu enlever, dans son temple saint, le fatal Palladium, et qu’après avoir massacré les gardes de la citadelle, ils ont osé saisir l’effigie de la déesse, et souiller ses bandelettes virginales de leurs sanglantes mains, l’espoir de la victoire a disparu ; les Grecs ont vu leurs forces s’épuiser ; Pallas est devenue leur ennemie, et a donné par d’éclatants prodiges des marques certaines de son courroux. À peine la statue de la déesse fut-elle placée dans le camp, des feux étincelèrent dans ses yeux irrités ; une sueur amère courut sur tout son corps ; et trois fois, ô prodige ! on la vit bondir sur le sol, en agitant son bouclier et sa lance frémissante.

« Aussitôt Calchas s’écrie qu’il faut fuir et repasser les mers ; que Pergame ne peut tomber sous le fer des Grecs, si les Grecs ne vont chercher dans Argos de nouveaux auspices, et s’ils ne ramènent l’image sacrée qu’ils ont, à travers les ondes, emportée sur leurs vaisseaux. Maintenant que la faveur des vents les conduit vers Mycènes, ils vont chercher de nouvelles armes et s’assurer des dieux plus propices ; et bientôt, repassant les mers, ils reparaîtront à l’improviste sur ces bords. Ainsi Calchas explique les présages : c’est par son conseil qu’ils ont construit cette im-