Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/275

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mense effigie pour remplacer le Palladium et réparer l’offense faite à la déesse. Et cependant Calchas a voulu que cette masse à l’énorme charpente s’élevât vers le ciel, pour qu’elle ne pût pénétrer à travers les portes, ni être traînée dans les murs de Troie, et devenir le gage nouveau de leur éternelle durée : car si vos mains sacrilèges profanaient le don fait à Minerve, les plus grands malheurs (que les dieux détournent ce présage sur Calchas lui-même !) accableraient l’empire de Priam et les Phrygiens. Mais si par vos mains il était introduit dans votre ville, l’Asie entière, levée contre la Grèce, viendrait, en armes, sous les murs de Pélops : tels étaient les destins qui menaçaient nos neveux. »

Ces discours perfides et les artifices du parjure Sinon trompèrent notre crédulité ; et la ruse et de feintes larmes triomphèrent de ceux que n’avaient pu dompter ni le fils de Tydée, ni Achille de Larisse, ni dix ans de combats, ni mille vaisseaux.

En ce moment, un spectacle plus étonnant et plus terrible encore s’offre aux regards des malheureux Troyens, et jette dans leur esprit un trouble inattendu. Laocoon, que le sort avait fait prêtre de Neptune, immolait un taureau puissant aux autels de ce dieu, quand deux serpents, venus de Ténédos (j’en frémis encore d’horreur !), s’avancent sur la tranquille mer en déroulant