Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs immenses anneaux, et de front se dirigent vers le rivage. Leur poitrine se dresse au milieu des flots, leurs crêtes sanglantes dominent les ondes ; de leurs flancs ils rasent l’abîme, et leur vaste croupe se recourbe en replis sinueux ; l’onde retentissante écume. Déjà ils ont atteint la plage : leurs yeux ardents brillent, rouges de sang et de flamme ; leur langue, telle qu’un dard, s’agite dans leur gueule qu’ils lèchent en sifflant.

À cet aspect, tout fuit épouvanté. D’un même élan, les deux monstres vont droit à Laocoon ; et d’abord ils saisissent ses deux enfants, enlacent leurs faibles corps, et, par d’horribles morsures, déchirent leurs membres palpitants. Laocoon s’arme de ses traits et vole à leur secours. Ils le saisissent à son tour et l’étreignent de leurs longs replis ; déjà deux fois ils entourent le milieu de son corps, et deux fois sur son cou, sur son dos, ils roulent les écailles de leur croupe, et dépassent son front de leurs têtes et de leurs crêtes altières. Il veut, de ses mains, écarter ces nœuds terribles : son sang et de noirs poisons souillent ses bandelettes, et il jette vers les cieux d’horribles hurlements. Tel mugit un taureau, quand, sous le fer qui l’a frappé, il s’échappe de l’autel, et rejette de son cou la hache mal assurée. Cependant, les deux dragons s’enfuient en rampant vers les hauteurs du temple, entrent dans le sanctuaire de la redoutable Pallas, et se