Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/277

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cachent aux pieds de la déesse, sous l’orbe de son bouclier.

Alors un nouvel effroi pénètre dans les cœurs frémissants. On dit que Laocoon a reçu la juste peine de son crime, pour avoir frappé le chêne sacré, et lancé dans ses flancs un javelot impie. On demande à grands cris que le colosse soit conduit au temple de Minerve, et que la protection de la déesse soit implorée par des prières.

Nous abattons les murs, et nous ouvrons les remparts de Pergame. Chacun s’empresse : on glisse des roues sous les pieds du cheval ; on attache à son cou des câbles puissants. La fatale machine, portant la guerre dans ses flancs, roule et franchit l’enceinte ; des enfants et de jeunes vierges la précèdent en chantant des hymnes, et de leurs mains se plaisent à toucher les cordages. Elle s’avance, et, menaçante, arrive au milieu de la ville. Ô ma patrie ! ô Ilion, séjour des dieux ! murs de Dardanus, illustrés par tant de combats ! quatre fois l’énorme masse s’arrêta sur le seuil de nos portes, et quatre fois dans ses flancs le bruit des armes retentit. Cependant, sans alarmes, nous poursuivons ; et, pleins d’un aveugle délire, nous plaçons le monstre fatal dans la citadelle sacrée. Alors même, Cassandre, qu’Apollon nous défendait de croire, ouvrit la bouche pour prédire nos destins ; et