Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/278

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nous, malheureux ! dans ce jour qui devait être le dernier jour de Troie, nous ornions de feuillage, comme pour une fête, les temples des dieux.

Cependant le ciel tourne, et du sein de l’Océan s’élance la nuit, enveloppant de ses épaisses ombres et les airs, et la terre, et les trames des Grecs. Les Troyens, répandus dans l’enceinte de leurs murailles, se livrent au repos et au silence de la nuit : le sommeil s’empare de leurs membres fatigués.

Et déjà, parties de Ténédos, les phalanges grecques voguaient en bon ordre, favorisées par la discrète clarté de la lune silencieuse, et se dirigeaient vers des rivages bien connus. Une torche fait briller ses feux sur la poupe royale. À ce signal, Sinon, que les destins ennemis ont protégé pour notre ruine, délivre furtivement les Grecs enfermés dans leur obscure prison, et le cheval ouvert les rend à la lumière : de ses flancs ténébreux sortent avec joie, en glissant le long d’un câble, les chefs Thessandre, Sthenelus, et le cruel Ulysse. Après eux s’élancent Acamas et Thoas, et Pyrrhus, fils d’Achille, et le savant Machaon, et Ménélas, et Épéus qui fut l’inventeur du stratagème. Ils envahissent la ville ensevelie dans le sommeil et dans le vin, égorgent les gardes, ouvrent les portes, font entrer les Grecs, et se joignent à leurs cohortes conjurées.