Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/284

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guerriers ! quelle indolence vous arrête ? D’autres arrachent, enlèvent les débris embrasés de Pergame, et vous êtes à peine descendus de vos vaisseaux ! » Il dit, et soudain, à notre réponse douteuse, il reconnaît qu’il est tombé au milieu des ennemis. Frappé de stupeur, il retient sa voix et ses pas. Tel que le voyageur dont le pied a pressé avec force, dans les ronces épineuses, un serpent inaperçu, se hâte, épouvanté, de fuir le reptile qui dresse sa tête menaçante et gonfle son cou bleuâtre : tel recule Androgée, tremblant à notre aspect. Nous fondons sur sa troupe, et nos armes l’enveloppent de tout côté. Ignorant les lieux, et frappés d’épouvante, ils tombent çà et là sous nos coups : la fortune seconde nos premiers efforts.

Corèbe, qu’exaltent le succès et son courage, s’écrie : « Amis, suivons cette route qu’un sort favorable nous offre ici pour notre salut. Échangeons nos boucliers, et prenons l’armure des Grecs. Ruse ou valeur, qu’importe contre l’ennemi ! Lui-même il va nous donner des armes. » Il dit, et saisit le casque à ondoyante crinière qui couvrait le front d’Androgée ; il prend son riche bouclier, et suspend à son côté le glaive argien. Alors Riphée, Dymas et tous mes jeunes compagnons suivent avec joie cet exemple, et s’arment de récentes dépouilles. Nous courons confondus au mi-