Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieu des Grecs, mais sans l’aveu des dieux. De nombreux combats sont livrés par nous dans cette nuit profonde, et nous envoyons aux enfers une foule de Grecs. Les uns fuient vers leurs vaisseaux, et cherchent leur salut sur le rivage ; les autres, saisis d’une frayeur honteuse, revolent vers le cheval monstrueux, et se cachent dans les cavités qui leur sont connues. Mais, hélas ! rien n’est assuré avec des dieux contraires.

En ce moment, traînée hors du sanctuaire et du temple de Minerve, la fille de Priam, Cassandre, les cheveux épars, levait en vain, vers le ciel, ses yeux enflammés de colère : ses yeux, car ses faibles mains étaient retenues par des chaînes. À ce spectacle, Corèbe, la fureur dans l’âme, et prêt à mourir, se jette au milieu de cette foule ennemie. Nous nous précipitons à sa suite, et nous serrons nos rangs dans la mêlée. Mais alors, du haut du temple, les Troyens, trompés par nos armes et nos panaches empruntés, nous accablent de leurs traits et sèment sur nous le carnage. En même temps, les Grecs, pleins de colère et de douleur en se voyant enlever leur proie, frémissent de rage, se rallient, et nous attaquent de toutes parts : le bouillant Ajax, les deux Atrides, et toute l’armée des Dolopes. Ainsi, déchirant la nue, les vents ennemis s’entre-choquent : le