Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/286

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Zéphyr, le Notus, et l’Eurus joyeux de guider les coursiers de l’Aurore : les forêts sont ébranlées ; et, couvert d’écume, Nérée soulève de son trident les mers dans leurs profonds abîmes.

Ceux mêmes qu’à la faveur de notre ruse et des ténèbres de la nuit nous avons mis en fuite, et chassés dans toute la ville, reparaissent : les premiers, ils reconnaissent nos boucliers, nos armes trompeuses, et l’accent étranger de notre langage. Le nombre nous accable. Corèbe, le premier, tombe sous le fer de Pénélée, au pied de l’autel de la déesse des combats. Il tombe aussi Riphée, le plus juste des Troyens, le plus saint observateur des lois : ainsi les dieux l’ont ordonné. Hypanis et Dymas succombent sous les traits de leurs compagnons. Et toi, Panthée, ni ton respect pour les dieux, ni la tiare d’Apollon n’ont protégé ta vie. Cendres d’Ilion, flammes qui servîtes de bûcher à mes concitoyens, je vous atteste ici : dans cette vaste ruine, je n’ai évité ni le fer des Grecs, ni aucun de leurs combats ; et si le destin eût voulu que je périsse, mon courage l’eût mérité. Nous sommes entraînés hors de la mêlée : avec moi sont Iphite et Pélias : Iphite déjà appesanti par l’âge, et Pélias qui, blessé par Ulysse, se traîne péniblement.

Soudain des cris redoublés nous appellent au palais de Priam.