Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/324

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comme leur mère, là sera l’emplacement de ta ville et le terme assuré de tes travaux. Ne t’effraie point, d’avance, de ces tables que votre faim doit dévorer : les destins trouveront une voie pour s’accomplir, et Apollon invoqué te sera propice. Mais ces terres, ces rivages de l’Italie, qui sont le plus rapprochés de nous, et que notre mer baigne de ses ondes, il faut les éviter ; les Grecs en habitent toutes les villes : là, les Locriens de Naryce ont élevé leurs remparts ; là, le Crétois Idoménée a couvert de ses guerriers les champs de Salente ; là, le roi de Mélibée, Philoctète, a ceint d’un mur protecteur l’humble Pétilie.

« Mais, lorsqu’au terme de leur course, tes vaisseaux reposeront hors des mers, et qu’aux autels dressés par toi sur le rivage tu acquitteras tes vœux, souviens-toi de couvrir ta tête d’un voile de pourpre, pour qu’au milieu des feux allumés en l’honneur des dieux aucune figure ennemie ne t’apparaisse et ne vienne troubler les présages. Que tes compagnons observent cet usage sacré ; observe-le toi-même, et que tes derniers neveux gardent fidèlement cette religieuse coutume.

« Mais, lorsqu’après ton départ, les vents t’auront porté vers les plages de la Sicile, et que le Pélore rétréci ira devant toi s’agrandissant, cherche à gauche, par un long circuit, la terre