Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/325

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la mer. Fuis la rive droite et les flots qui la baignent. Ces lieux, arrachés jadis de leurs fondements par une force puissante, se séparèrent, dit-on, dans une vaste ruine (tant le long cours des âges peut amener de changements !). D’abord réunis, ils ne formaient qu’un continent ; mais la mer, se précipitant avec violence, détacha l’Hespérie de la Sicile, et ses vagues battent les champs et les villes que, par un canal étroit, sépare un double rivage.

« À la droite est Scylla ; la gauche est gardée par l’implacable Charybde, qui, trois fois, engloutit de vastes flots dans ses gouffres profonds, trois fois les relance dans les airs et les fait jaillir jusqu’aux astres. Mais un antre enferme Scylla dans ses flancs ténébreux, d’où elle avance sa tête sur les vagues, et entraîne les vaisseaux sur ses rochers : monstre à figure humaine, c’est, jusqu’à la ceinture, une belle jeune fille, et, par le reste du corps, un immense poisson qui réunit aux flancs d’une louve la queue d’un dauphin. Il vaut mieux retarder tes vaisseaux en de longs détours, et doubler lentement la promontoire de Pachynum, que de voir une seule fois dans son antre profond l’affreuse Scylla, et les rochers qui retentissent des cris de ses chiens azurés.

« Enfin, si Hélénus a quelque science de l’avenir, si sa prédic-