Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/345

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éveille vos soupçons. Mais quel sera le terme de nos divisions ? où tendent maintenant ces grands débats ? que ne cimentons-nous plutôt par l’hymen une paix éternelle ? Tout ce que votre âme souhaitait, vous l’avez : Didon aime, elle brûle, et jusqu’à la moelle des os les feux de l’amour la consument. Régnons donc avec un pouvoir égal sur ces deux peuples réunis en un seul. Qu’il soit permis à Didon de se soumettre à un époux troyen, et de remettre entre vos mains les Tyriens pour la dot de leur reine. »

Vénus comprit que ce discours artificieux avait pour but de transporter à Carthage l’empire promis à l’Italie : « Qui serait assez insensé, dit-elle, pour refuser vos offres, et pour préférer avec vous la guerre, si toutefois votre projet peut s’accomplir, et si la fortune le seconde ? Mais les destins me laissent incertaine ; et j’ignore si Jupiter veut qu’une même cité réunisse les Tyriens et les Troyens ; s’il approuvera le mélange des deux nations et leur alliance. Vous êtes l’épouse de Jupiter : essayez, si vous voulez, de fléchir son âme par vos prières. Allez : je vous suivrai. — Ce soin me regarde, reprend la reine des dieux. Mais apprenez, en quelques mots, comment peut réussir cette grande entreprise. Votre fils, et, avec lui, Didon, que l’amour consume, se préparent à chasser demain dans les forêts, dès que Phébus, levant son front