Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/391

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en avant dans la fange immonde et dans le sang des victimes. Mais il n’oublie pas Euryale, qu’il aime si tendrement : soudain il se relève sur ce terrain glissant, se jette au devant de Salius, qui vacille et tombe sur l’arène sanglante, tandis qu’Euryale s’élance, et, vainqueur par le secours de son ami, fournit le premier la carrière, au bruit flatteur des applaudissements. Helymus arrive après lui, et la troisième palme appartient maintenant à Diorès.

Mais bientôt l’immense amphithéâtre retentit des clameurs de Salius ; il s’approche des premiers rangs où les chefs sont assis, et revendique un honneur que lui ravit la ruse. Euryale a pour lui la faveur de l’assemblée, la grâce de ses larmes, et le charme que la beauté ajoute à la vertu. Diorès le seconde et réclame à grands cris le prix pour Euryale : Diorès, arrivé le dernier, prétendrait en vain à la troisième palme, si la première était donnée à Salius. « Jeunes guerriers, dit Énée, vos prix demeurent assurés, et nul ne changera l’ordre des palmes : mais qu’il me soit permis de consoler un ami qui n’a pas mérité sa disgrâce. » Il dit, et donne à Salius l’énorme dépouille d’un lion de Gétulie, riche de longs poils et d’ongles dorés : alors Nisus : « Si les vaincus, s’écrie-t-il, reçoivent de tels prix, et si ceux qui tombent