Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/392

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obtiennent votre pitié, quel honneur réservez-vous à Nisus, à moi qui méritais la première couronne, si la Fortune, dont se plaint Salius, ne m’eût trahi de même. » Et, en même temps, il montrait son visage et son corps souillés d’une fange impure. Le héros lui sourit avec bonté, et fait apporter un bouclier, ouvrage admirable de Didymaon, que jadis les Grecs avaient dérobé aux portes sacrées d’un temple de Neptune. Tel est le précieux don offert à Nisus.

La course finie, et les prix distribués : « Maintenant, si quelque athlète sent dans son cœur la force et le courage, qu’il vienne et lève ses bras armés du ceste ! » Ainsi parle Énée : et, pour ce combat, il propose un double prix. Au vainqueur sera donné un jeune taureau dont les cornes sont ornées d’or et de bandelettes. Une épée et un casque magnifique consoleront le vaincu.

Aussitôt, fier de sa force immense et de sa haute stature, Darès se lève et s’avance au milieu d’un murmure flatteur : Darès qui osait seul lutter contre Pâris, et qui, près du tombeau où repose le grand Hector, affronta l’énorme et terrible Butès, tant de fois vainqueur, et issu d’Amycus, roi de Bébrycie, et l’étendit mourant sur l’arène. Tel le premier, levant sa tête altière, Darès se présente dans la lice : il étale ses larges épaules ; il étend et