Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/414

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fils d’Ino, et les agiles Tritons, et toute l’armée de Phorcus : à gauche, Thétis et Mélite, la chaste Panopée, Nésée et Spio, Thalie et Cymodocé.

Alors une douce joie pénètre dans l’âme incertaine d’Énée. Il ordonne qu’on relève à l’instant tous les mâts, qu’aux deux bras de la vergue la voile se déploie : et soudain tous, de concert, s’empressent ; à droite, à gauche, ils resserrent ou détendent les cordages, tournent et retournent les antennes, hissent les voiles, et la flotte vole sous la douce haleine des vents ; Palinure la conduit et la dirige : c’est sur lui que les autres pilotes doivent régler leur marche.

Déjà la Nuit humide touchait à la moitié de sa carrière. Durement étendus sur les bancs, les matelots, sous leurs rames, abandonnaient leurs membres fatigués aux douceurs du repos, quand le sommeil descend légèrement de la voûte étoilée, écarte les ténèbres de l’air, et te cherche, infortuné Palinure, t’apportant des songes funestes. Le dieu, sous les traits de Phorbas, s’assied sur le haut de la poupe, et de sa bouche sortent ces trompeuses paroles : « Fils d’Iasus, les flots tranquilles emportent nos vaisseaux ; l’haleine égale des vents nous favorise : c’est l’heure propice au repos : repose ta tête, et dérobe au travail tes