Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exprime ce vœu : « Oh ! si, dans cette forêt profonde, venait se montrer à moi, sur un arbre, le rameau d’or ! car tout ce que la Sibylle a prédit de toi, Misène, ne se trouve, hélas ! que trop vrai. »

Comme il achevait ces mots, deux colombes descendent du haut des airs, et, sous les yeux du héros, viennent s’abattre sur le gazon : Énée a reconnu les oiseaux de sa mère, et, joyeux, il s’écrie : « Soyez mes guides ! Oh ! montrez-moi la route, s’il en est une, et dirigez votre vol vers les lieux où la terre féconde reçoit l’ombre du précieux rameau. Et toi, déesse ma mère, ne m’abandonne pas dans l’incertitude où je suis ! » Il dit, et s’arrête, observant les colombes, les indices de leur vol, et la route qu’elles s’apprêtent à suivre. D’abord, il les voit becqueter l’herbe en voltigeant ; et quand d’une aile agile elles effleurent le gazon, son œil les suit aussi loin qu’il peut les atteindre. Mais, à peine arrivées aux gorges infectes de l’Averne, elles s’élèvent d’un vol rapide, nagent dans un air limpide, et vont se poser ensemble sur l’arbre désiré, où l’or, variant ses reflets, brille à travers le feuillage. Tel qu’au milieu de l’hiver brumeux, le gui, dans les forêts, étale sa verdure nouvelle, et jaunit de ses fruits le tronc qu’il embrasse, tel était sur un chêne touffu l’aspect du rameau