Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/427

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d’or, et ses feuilles frémissaient étincelantes sous l’haleine du Zéphir. Soudain le héros saisit avidement le rameau qui résiste, et le porte à la demeure de la Sibylle.

Cependant, réunis sur le rivage, les Troyens pleuraient Misène, et rendaient à sa cendre insensible les honneurs suprêmes. D’abord, avec le bois résineux et le chêne fendu, ils élèvent un immense bûcher. Sur les côtés s’entrelacent en festons de lugubres feuillages ; par devant, sont plantés des cyprès funèbres, et, sur le faîte, brillent les armes du guerrier. Les uns apportent l’eau qui bouillonne dans l’airain : ils lavent le corps glacé, et le parfument : un gémissement se fait entendre : on porte sur le lit funéraire le corps du guerrier que l’on pleure ; on le couvre de vêtements de pourpre, sa parure accoutumée. D’autres (triste ministère !) portent le lit funèbre sur le bûcher, et, suivant l’antique usage, inclinent la torche allumée en détournant les yeux. La flamme consume et l’encens, et la chair des victimes, et l’huile qu’à grands flots versent les cratères. Lorsque le bûcher se consume et s’affaisse, et que le feu s’éteint, on lave dans le vin ces tristes débris et les cendres brûlantes ; Corynée recueille les os, et les renferme dans une urne d’airain. Ensuite, tenant dans sa main un rameau d’olivier, il s’avance trois fois autour du