Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/448

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous la terre, roule ses abondantes eaux. Là sont les guerriers blessés en combattant pour la patrie, les prêtres dont la vie fut toujours chaste, les poëtes religieux qu’Apollon inspira, et ceux qui, par l’invention des arts, civilisèrent les hommes, et ceux dont leurs bienfaits ont fait vivre la mémoire : tous ont le front ceint de bandeaux blancs comme la neige.

En passant au milieu de ces ombres, la Sibylle leur parle ; et d’abord, s’adressant à Musée, qu’environne une foule nombreuse qu’il domine par sa taille élevée : « Chantre illustre, dit-elle, et vous, ombres fortunées, dites-nous quelle région, quel lieu possède Anchise. C’est pour le voir que nous sommes venus, et que nous avons franchi les grands fleuves de l’Érèbe. » Le héros lui répond en peu de mots : « Nous n’avons point ici de demeure fixe : nous habitons ces bois épais ; nous errons sur le gazon de ces rives, dans ces prés toujours rafraîchis par des ruisseaux. Mais, si tel est votre désir, montez sur cette colline ; je vous servirai de guide, et je vous montrerai un chemin facile. » Il dit, et marche devant eux ; du haut de la colline, il leur montre une plaine riante ; et bientôt ils descendent de ces hauteurs.

Cependant Anchise, au fond d’un vallon verdoyant, contemplait, avec un tendre intérêt, des âmes encore captives et destinées à revoir un jour la lumière éthérée ; il passait en revue toute