Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/464

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annoncer des événements terribles et merveilleux : les augures y voient, pour Lavinie, une destinée brillante et glorieuse, mais une grande guerre pour son peuple.

Cependant le roi, qu’ont alarmé ces présages, va consulter les oracles que Faunus, son père, rend dans un bois sacré, où la profonde Albunée, couverte de noirs ombrages, fait retentir au loin le bruit de ses ondes, et exhale dans l’air d’épaisses et infectes vapeurs. Là, les peuples d’Italie et tous les Œnotriens viennent, dans leurs doutes, chercher les réponses du sort. Là, le prêtre, quand il a déposé ses offrandes, se couche, dans le silence des nuits, sur les toisons des brebis immolées ; et dès que le sommeil pèse sur ses yeux, il aperçoit autour de lui, voltigeant sous des formes étranges, des fantômes sans nombre ; il entend mille voix confuses, jouit de l’entretien des dieux, et évoque les Mânes du fond de l’Averne. C’est dans ce bois que Latinus, demandant l’explication des présages, immolait, suivant le rit accoutumé, cent brebis âgées de deux ans, et reposait étendu sur leurs molles toisons : soudain, du fond de la forêt sacrée, une voix se fait entendre : « Garde-toi, ô mon fils ! d’unir ta fille à un prince latin ; défie-toi de l’hymen projeté : il te vient un gendre étranger, dont le sang, mêlé à notre sang, élèvera jusqu’aux astres la gloire de notre nom. Ses illustres descendants