Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/471

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de l’Ida, et ces luttes où l’on vit s’entre-choquer l’Europe et l’Asie, nul peuple ne les ignore, fût-il relégué dans des terres inconnues, par delà l’Océan, ou fût-il placé, entre les quatre zones, sur cette immense plage qu’un soleil ennemi dévore de ses feux. Échappés à ce grand désastre de l’Asie, après avoir longtemps erré sur toutes les mers, nous vous demandons, pour nos dieux domestiques, une faible partie de cette terre, un rivage paisible, et l’air et l’eau, ces biens communs à tous les hommes. Nous ne serons pas sans gloire pour votre empire ; votre renom s’accroîtra par ce bienfait, qui vivra toujours dans nos cœurs, et jamais l’Ausonie ne regrettera d’avoir reçu dans son sein les enfants de Troie. J’en jure par les destins d’Énée, et par sa main puissante, fidèle dans la paix et terrible dans la guerre. Bien des peuples (ah ! ne nous dédaignez pas, si nous nous présentons l’olivier à la main et la prière à la bouche), bien des nations ont demandé et recherché notre alliance, mais la volonté impérieuse des dieux et l’ordre du destin nous ont forcés de chercher sur votre terre une patrie. C’est d’ici que Dardanus est sorti, c’est ici qu’il revient : Apollon, par ses puissants oracles, nous ordonne de nous rendre sur les bords du Tibre, à la source sacrée du Numicus. Énée vous offre ces faibles présents, sauvés de l’embrasement de Troie, et restes de sa fortune première : c’est avec